Artisans et paysans du Yiddishland
C’est dans les archives de l’ORT, institution internationale d’éducation et de formation née à la fin du XIXe siècle, que furent retrouvées 250 photographies sur plaques de verre, témoignant d’un épisode relativement peu connu de l’histoire contemporaine des communautés juives : la création et le développement de « colonies agricoles juives » par les nouvelles autorités soviétiques, au début des années vingt. L’exposition présentée tout d’abord au musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme à Paris puis au musée Juif de Belgique présente une soixantaine de photographies. Implantées en Union soviétique, en Lituanie, en Lettonie, en Pologne et en Roumanie, ces colonies avaient pour objectif de « normaliser » la vie juive dans le cadre d’activités professionnelles considérées comme productives. Les nouveaux agriculteurs bénéficiaient du soutien d’œuvres philanthropiques internationales dont l’ORT. Mais, dès la fin des années vingt, Staline refusa tout statut particulier aux Juifs et entama une collectivisation forcée de l’agriculture et de l’industrie. L’ORT voit alors son action progressivement bridée, jusqu’à être interdite en 1938, tandis que l’Europe fait face à la montée du nazisme.
Emmanuelle Polack

Emmanuelle Polack, docteure en histoire de l'art, est spécialiste du marché de l’art sous
l’Occupation et des recherches de provenance des œuvres volées lors de la Seconde Guerre
mondiale. Elle a été de 2012 à 2017, chercheuse associée à l'Institut national d'histoire de l'art
(INHA). De 2013 à 2015, experte internationale au sein de la Task Force Schwabinger
Kunstfund, en charge de la traçabilité des œuvres françaises conservées dans la collection
Gurlitt (Munich). Elle est aujourd’hui chargée de mission au musée du Louvre.